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4. Les réalisateurs s'émancipent !

A. Dans le bloc de l'Ouest

 

James Bond

 

Même si James Bond est un héros de films qui ont pour but de dénoncer le communisme, la filmographie James Bond n'a pas seulement été créée pour montrer les Etats-Unis comme pays libérateur du monde. Même s'il doit y avoir deux camps qui s'affrontent, les méchants ne sont pas toujours les russes mais peuvent être des agents doubles et des espions qui finissent par accepter de travailler pour la couronne anglaise et qui vont détruire l'ennemi commun de Bond et des soviétiques à savoir le SPECTRE. Prenons un exemple déjà évoqué précédemment : L’Espion qui m’aimait. James Bond fait équipe avec l'agent soviétique Anya Amasova, pour affronter Requin, un ennemi commun aux deux nations. Ce film veut monter que James Bond n'est pas qu'américain mais que toutes les populations sont touchées pas ces films.

 

Docteur Folamour de Stanley Kubrick

 

Un autre exemple de cette émancipation des réalisateurs américains est  Docteur Folamour  ou  Dr Strangelove de son nom original, un film de Stanley Kubrick de 1964. Ce film, très connu aujourd’hui avait pourtant été très mal accueilli à sa sortie.  Ridiculisant le gouvernement américain, Kubrick cherche à dénoncer la mauvaise gestion de la crise de Cuba par celui-ci.

Ainsi, ce film, dont le nom, très ironique délivre tout le sens du film ( Docteur Folamour, ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe , la bombe étant ici la bombe nucléaire, référence évidente à la crise de Cuba d’octobre 1962), raconte l’histoire d’un général américain, le général Ripper, qui, devenu fou, décide d’envoyer des avions nucléaires bombarder l’URSS. Le Président des Etats-Unis tente alors de reprendre le contrôle de la situation, mais l’un des avions continue sa course et atteint son but. En représailles, l’URSS fait alors exploser des bombes atomiques et la Terre est détruite. Ce qui est très intéressant dans ce film, c’est que la guerre froide n’est jamais nommée mais toujours suggérée. Par exemple, sur l’affiche, on peut voir le globe terrestre divisé en deux parties : l’URSS et les Etats-Unis.  Dans son contenu, le film est aussi très satirique. Utilisant le rire pour s’exprimer, Kubrick cherche, en apparence, à divertir le public mais le sens de ce film est plus profond : il rend compte d’une véritable inquiétude face à l’extrême dangerosité de la guerre froide (menace nucléaire, course aux armements), ce qui est sans aucun doute une des raisons de la polémique provoquée par ce film à sa sortie. Grâce à ce film, on peut observer comment le cinéma rend compte des tensions de la guerre froide, et comment les cinéastes se libèrent des normes du pouvoir pour dénoncer le fanatisme des idéologies et, ici, la toute-puissance d’une nouvelle technologie que les hommes ne sont pas capables de contrôler  et qui conduit le monde à sa perte.

voiretmanger.fr

B. Dans le bloc de l'Est

 

Après la mort de Staline en 1953, la production cinématographique reprend. Les films anti-communistes continuent de fleurir sur les écrans mais de nouveaux réalisateurs osent utiliser le cinéma pour de plus grandes causes que la glorification du régime : c'est le dégel du cinéma soviétique. Étant toujours en période de guerre froide, les américains sont encore bien souvent représentés comme les « méchants » de l'histoire mais les problématiques des films soviétiques sont plus larges que lors de la dictature de Staline. Ainsi, des réalisateurs comme Grigori TCHOUKHRAÏ osent aborder des thématiques comme celle de la liberté et de l'amour dans un film historique (Le Quarante et unième) qui conte la guerre civile d'une manière nouvelle, où les ennemis ont des raisons valables et où les héros ne sont pas de magnifiques soldats pleins de courage.

Ce qui est regrettable en revanche, c'est que, contrairement au cinéma du bloc de l'Ouest, peu de réalisateurs ont osé utiliser leur art pour dénoncer certains abus du régime. L'Etat, bien qu'il laisse un peu plus de liberté aux réalisateurs ( de nouveaux studios indépendants avaient commencé à fleurir en URSS), continuait à surveiller la production cinématographie et tout film qui essayait de dénoncer certains abus du régime était automatiquement censuré.

Cependant, malgré ce que l'on pourrait penser, la déstalinisation initiée par Khrouchtchev n'est pas la première cause de l'émancipation du cinéma soviétique. Bien que celle ci ait joué un rôle majeur, cette libération du cinéma avait déjà commencé auparavant et cette déstalinisation n'a fait que libérer un peu plus les réalisateurs.  

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