CINEMA ET GUERRE FROIDE
1. Les débuts de l'image animée
L'animation est un procédé qui vise à recréer un mouvement à partir d'images fixes. En effet, le mouvement est décomposé en une succession d'images qui seront ensuite projettées à une fréquence donnée, au cinéma elle est de 24 images par seconde. Ce système fonctionne grâce à la persistance rétinienne. L'animation est née bien avant le cinéma avec l'apparition de jouets optiques au XIXème siècle qui permettaient de voir des séquences d'images animées. La première projection de dessin animé eut lieu le 28 octobre 1892 au musée Grévin par Émile Reynaud, trois ans avant la première projection des frères Lumières.
A. Persistance rétinienne
La persistance rétinienne est la capacité de l'œil (et du cerveau) à superposer une image déjà vue aux images que l'on est en train de voir. Elle est due au temps entre ce que la rétine perçoit et ce que le cerveau analyse. Elle est plus forte et plus longue si l'image observée est lumineuse.
Il existe deux types de persistance rétinienne :
-
La persistance positive, elle est rapide, d'une durée d'environ 50 ms, et de la couleur de l'image qui persiste.
-
La persistance négative est plus longue et due à une exposition prolongée à une forte intensité lumineuse. Une trace sombre de l'image persiste durant plusieurs secondes.
Cette propriété de l'œil est utilisée par le cinéma et la télévision pour donner l'impression d'un mouvement continu à partir d'une séquence d'images.
Démontrer la persistance rétinienne:
-
Le stroboscope
-
L'action de la rhodopsine
Pour observer les effets de cette expérience, fixez le centre de la croix noire pendant trente secondes puis détournez le regard sur le carré blanc à côté. Normalement, vous observerez pendant quelques secondes, une croix blanche sur fond magenta.
La rhodopsine, pigment pourpre contenu dans les bâtonnets, a été découverte dans les batonnets. Elle est capable d'absorber la lumière et est donc responsable de la vision nocturne. En se décomposant par réactions chimiques, la rhodopsine va exciter les bâtonnets ce qui permettra à l'oeil de s'habituer à la vision dans le noir. Les bâtonnets sont les cellules de notre rétine sensibles aux différents degrés de luminosité. La décomposition chimique de la rhodopsine et sa recomposition permettent d'observer pendant quelques secondes le phénomène de rémanence des couleurs inversées. Ici, la croix noir sur fond vert apparaîtra blanche sur fond magenta, la couleur complémentaire du vert.
animage.org
B. Les premiers jouets optiques
Le phénakistiscope
Le phénakistiscope est un jouet optique qui donne l'illusion du mouvement fondé sur la persistance rétinienne. Il a été conçu par le Belge Joseph Plateau dans les années 1832. Il est composé d'un disque en carton, percé de dix à douze fentes, sur lequel un mouvement est décomposé en une séquence d'images fixes. Il possède un manche permettant son maintien pendant sa rotation.
Pour percevoir le mouvement, le spectateur se place en face d'un miroir et positionne ses yeux au niveau des fentes du disque, du côté opposé aux dessins. Il fait ensuite tourner le carton. Les fentes servent d'obturateur en ne laissant apparaître l'image reflétée dans le miroir qu'un très court instant. Les images restent fixées sur la rétine grâce à la persistance rétinienne, s'animant les unes après les autres, ce qui reconstitue le mouvement lorsque le disque tourne à une vitesse suffisante.
Le praxinoscope
Le praxinoscope fut la première invention d'Émile Reynaud en 1876, elle a été brevetée en 1877. Il s'agissait d'un jouet optique, ressemblant à une lampe, qui donnait l'illusion du mouvement et fonctionnant sur le principe de la compensation optique, c'est-à-dire de la persistance rétinienne. Cette méthode permet de fixer une image projetée à l'aide d'un système optique, comme le praxinoscope, alors que la source de cette image est en déplacement continu. La bande est séparée par différentes représentations. Ainsi, elle est décomposée en un mouvement cyclique. Cette bande qui peut être remplacée, est disposée à l'intérieur d'un tambour qui tourne autour d'un axe qui sert aussi de pied au jouet.
Émile Reynaud a ajouté à l'intérieur du tambour un cylindre composé de différentes facettes sur lequel sont disposés douze petits miroirs. Cette « cage de miroirs » tourne en même temps que le tambour et la bande à animer. Chaque miroir reflète l’un des douze dessins de la bande (celui qui lui fait face). Ils sont placés exactement à mi-distance du dessin et l’axe général de rotation (le pied), la réflexion de ce dessin se produit exactement sur l'axe principal, de sorte qu'au cours de la rotation du praxinoscope, les images réfléchies des douze dessins de la bande se substituent les unes aux autres sans quitter le centre de l’appareil. Pour percevoir l'animation, il suffit de fixer l'un des miroirs centraux.
Il faut d'ailleurs noter que, contrairement à ce qui se passe avec les jouets optiques à fentes, comme le phénakistiscope , la perception de l’animation produite à l’intérieur de la « cage de miroirs » se fait sans obturation : elle est donc parfaitement lumineuse (l’animation réalisée est aussi lumineuse que les dessins de la bande à animer). Sur cette vidéo, vous pouvez voir une animation sur le praxinoxcope.
Il existe cependant un défaut qu'Émile Reynaud décrit très bien dans son brevet. En effet, il se produit un petit papillonnement sur les bords des images. Mais l'oeil s'y accommode très bien. Ce défaut est d’ailleurs très peu sensible avec des sujets dessinés en format plus haut que large.
La toupie fantoche
Le défault évoqué plus haut est encore plus marqué sur une autre invention d’Émile Reynaud, la toupie fantoche: cet appareil n’était en effet constitué que de quatre miroirs. Il est important de comprendre que ce défaut est minimisé lorsque chaque image est parfaitement en face de l'un des miroir.
Nous pouvons enfin remarquer que l’animation réalisée par le praxinoscope peut être observée par les deux yeux à la fois, ce qui n’est qu'exceptionnellement le cas avec le phénakistiscope.
Vous pouvez voir dans cette vidéo une toupie fantoche en marche. On place un disque sur lequel figure une scène décomposée en plusieurs mouvements au dessus des quatre miroirs et on fait tourner l'invention. Apparait alors une scénette sympatique....